100 ans après...
le Catalogue Raisonné se met en route
1919 : Léo Marchutz vend sa première peinture. Il était alors âgé de 16 ans. L’Ascension (huile sur toile ; 100 x 177 cm) a été achetée par l’illustre metteur en scène et réalisateur de films austro-américain Max Reinhardt. La première vente et une lettre1 d’encouragement envoyée par Reinhardt au jeune peintre ont joué un rôle décisif dans la destinée de Léo Marchutz.
Février 2019, un siècle plus tard, la toile qui a lancé la carrière de Léo Marchutz est la première œuvre répertoriée dans la plateforme numérique2 du Catalogue Raisonné qui lui est dédié.
Portée disparue, l’Ascension a néanmoins laissé une trace. Les quelques informations en notre possession comprennent :
— une photographie en noir et blanc d’une peinture certainement riche en couleurs ; selon la description qu’en fait Max Reinhardt, la toile possédait « une divine et très ravissante gaieté… (rendue) par les deux groupes aux couleurs irisées ainsi que par le bleu, cru et lumineux de la colombe qui darde ses rayons comme autant de griffes… »
— la correspondance entre Léo Marchutz et Karl-Ernst Osthaus, historien d’art, galeriste à Berlin, et fondateur au tout début du XXème siècle du Musée Folkwang à Hagen en Allemagne. Karl-Ernst Osthaus organisa en 1921 la première exposition personnelle de Léo Marchutz à Hagen.
— certaines références de critiques influents de l’époque sur l’oeuvre de Léo Marchutz au côté de la lettre de Max Reinhardt.
Un processus long et fascinant
Le travail sur la plateforme numérique du Catalogue Raisonné a commencé à la mi-février 2019 avec une attention particulière portée sur les œuvres de jeunesse de Léo Marchutz (première période: 1919–1939). Rassembler et comparer les informations existantes, saisir les données, tirer parti des initiatives anciennes et nouvelles des musées du monde entier… le processus promet d’être long et fascinant. Trois semaines après le démarrage des travaux, 40 œuvres de Léo Marchutz de la période allemande et de la première période aixoise ont été répertoriées avec L’Ascension.
« Les défis sont monumentaux, déclare Denise Lemoine, chef de projet du Catalogue Raisonné. Or il est important de préserver d’une façon durable tout ce que nous connaissons et pouvons encore découvrir au sujet de l’oeuvre de Léo Marchutz, sans quoi nous serions confrontés à une irrémédiable perte collective de mémoire. »
Un aperçu de la sélection de ces œuvres de jeunesse est en préparation ainsi qu’un « appel à propositions » sollicitant des information auprès des propriétaires ou familiers des peintures de Léo Marchutz dans sa première période (1919-1939).
"Nous avons espoir que des réponses à nos demandes adressées à différents musées allemands feront toute la lumière sur des œuvres, comme l'Ascension, dont à ce jour nous ne savons pas où elles se trouvent."
Ben Haggard, Directeur de Recherche
1Reinhardt 1919 : Reinhardt, Max. « Lettre à Léo Marchutz. » Dans Leo & I and the Ghost of Cézanne: A Memory of Art and Provence, William M. Weyman. North Charleston, SC: CreateSpace Independent Publishing Platform, 2013, p. 7.
2 La plateforme numérique et le logiciel de catalogage utilisés pour le projet, ont été créés par panOpticon, société basée à New York, spécialisée dans la gestion de données adaptée aux spécifications des catalogues raisonnés. Fondée en 2006, panOpticon héberge les catalogues raisonnés de plus de 50 artistes, dont Paul Cézanne, Mary Cassatt, Roy Lichtenstein, Sam Francis et John Singer Sargent.